Eh bien c'est peut-être là que tout commence pour l'origine de ce mot en Angleterre, explications :
Le genre Dipsacus (les cardères) regroupe des plantes classées traditionnellement dans la famille des Dipsacacées, plantes herbacées dont font aussi partie les scabieuses (genre Scabiosa).
L'espèce la plus connue est Dipsacus fullonum (cardère sauvage, cardère à foulon, cabaret des oiseaux), dont la sous-espèce sativus (aujourd'hui classée comme espèce à part entière) fut longtemps utilisée pour carder la laine : c'est cette particularité qui est à l'origine du nom français cardère attribué au genre.
Quant au nom scientifique, c'est un dérivé du grec dipsaô (avoir soif), évoquant sans doute les feuilles caulinaires des cardères, opposées et soudées, formant des sortes de godets qui retiennent l'eau de pluie.
Si je vous dis qu'en anglais on appelle cardère à foulon : "fuller's teasel" !
Le mot a voyagé à travers les siècles et les pays. Tout commence par les vikings danois, qui envahissent l'écosse, une histoire raconte que quand ils débarquèrent sur les côtes écossaises, ils se firent repérer en marchant sur des chardons, ce qui fit de la plante l'emblème de l'écosse.
En norvégien chardon se dit "TISTEL" en danois "TIDSEL", le mot à évolué en Angleterre comme "THISTLE", puis le chardon cardère s'appela "TEASEL", et on arrive à "TASSEL" !!!
Blason d'un chardon (lien direct avec la définition du gland, pompon en anglais)
Si vous retournez le chardon sur le blason, c'est tout à fait le dessin d'un pompon !
L'histoire nous indique que cela se situait à Londres, le long des fortifications de la ville, à la porte appelée "bishopsgate".
A côté de bishopsgate, il y avait un endroit qui s'appelait "tassel close", le nom était issu certainement de l'endroit où l'on stockait ou cultivait le "teasel", pour les commerçants en textile flamands ou autres. Mais peut-être tout simplement "close" voudrait dire fermoir, issu du manteau du 12ème siècle. Peut-être que c'était l'endroit où des marchands vendaient ou fabriquaient le fermoir du manteau, sûrement en laine tressée à l'époque.
Le "tassel close" ou "tasel ground", a été aussi utilisé en 1585, pour permettre aux négociants et autres citoyens à s'entraîner au tir (pistolets...) pour combattre en 1588 l'armada espagnole qui voulait envahir l'Angleterre.
Plus tard cet endroit a été utilisé par les fabricants d'arbalètes pour venir essayer leurs armes. On jouait aussi au "popinjay" et c'est ainsi que s'est faite la transition entre "teasel" et "tassel". On retrouve donc le terme chez les archers anglais, c'est un morceau de laine tressée, porté à la ceinture pour nettoyer les flèches (la couleur du tissus varie selon le grade).
Citation : "Chardon à foulon dont l'en atourne les dras, la charrete doit deux deniers, à asne obole, à col noiant, , Liv. des mét. 290"
Extrait d'un livre relatant la culture du chardon à foulon en Angleterre en 1775 :
"Etat général de la culture angloise, ou voyage économique, précédé du parfait fermier, trad. de l'anglois, par M. de Tréville"
Publié par Panckoucke, 1775
Les plantes qu'on cultive annuellement pour la nourriture des hommes et des bestiaux ne sont pas les seules qui fixent l'attention du fermier ; il en est d'autres dont la culture n'est pas pour lui d'un moindre intérêt : ce sont celles qui servent dans nos manufactures; et entre ces dernières plantes, le chardon à foulon tient le premier rang. Le chardon à foulon , qui est de la plus grande utilité aux fabricants de draps, le vend très-avantageusement. Lorsque les manufactures de drap fleurissaient à Reading et à Newbury, cette plante était fort cultivée dans le voisinage de ces Villes. Depuis que ces manufactures ont passé plus avant dans les contrées de l'Ouest, la culture du chardon les y a suivies, cependant elles doivent varier comme les sols, et être relatives aux circonstances et au temps où l'on veut semer. L'Auteur préfère les anciens pâturages, et il conseille d'y mettre la charrue dans le mois de Février, de labourer en planches larges de trois pouces et de la profondeur qu'on a coutume de leur, donner pour les fèves , de faire les sillions bien droits et aussi égaux qu'il est possible , de relever les planches dans la partie du milieu, et de répandre du fumier chaud, tel que celui des volailles, dans le fond des sillions, entre les planches. La terre peut demeurer en cet état jusqu'en Avril , qui est la saison de la semaille. Dans les premiers jours de ce mois , après une petite pluie , on passera une herse légère sur les planches , et on répandra la semence à la volée , à raison de deux boisseaux par acre.
(Herses et rouleaux)
Les foins que cette plante exige durant sa croissance, sont les mêmes, à peu près, que pour les turnips (plantes potagères); avec cette différence seulement qu'au second labour à la houe , il convient d'éclaircir davantage les chardons : dix-huit pouces est la distance moyenne que l'Auteur prescrit de laisser d'une plante à l'autre. On laisse les plantes ainsi éclaircies jusqu'a la fin d'Août, et c'est alors le temps de leur donner une nouvelle façon , non pas avec la houe ordinaire, mais avec une bêche large de quatre pouces et haute de dix -huit. On retourne avec cet instrument toute la sur- face du champ A deux pouces environ de profondeur , prenant garde surtout de ne pas lasser tomber de terre sur les plantes. Avec ce labour, les jeunes chardons peuvent passer l'hiver sans autre foin ; mais il avait la précaution d'en avoir quelques pieds en ré- serve sur un bout de couche, afin de pouvoir en repiquer à la place de ceux qui vien- draient à périr, et de ne pas permettre au bétail d'approcher de ce champ. Le labour à la bêche , tel qu'il a déjà été donné, se répétera sur la fin du mois de Février suivant; et en Mai, lorsque les plantes commencent à monter, on leur donnera un léger labour, en relevant la terre autour des plantes pour en chauffer les pieds, et les mettre en état de résister à la violence des vents, lorsque leurs tiges sont chargées de têtes. Alors il ne reste plus rien à faire jusqu'au temps de la récolte, qui est l'ouvrage du temps et de la patience, puisqu'on doit couper les têtes au fur et à mesure qu'elles murissent. Le degré de maturité requis pour la coupe, est lorsque les têtes sont entièrement défleuries, et qu'elles commencent à blanchir et à sécher. Celui qui fait la récolte, se munit de gants pour se garantir des épines, et parcourant les sillions, il coupe les têtes mures avec une queue de douze ou quatorze pouces, pour les lier ensemble par bottes, qu'il assujettit en terre, au moyen d'une queue de neuf ou dix pouces plus longue que le reste ; et la coupe finie , il porte ces bottes dans un lieu vacant pour les faire sécher. Dans le comté d'Essex, celui qui fait la récolte , au lieu de ficher en terre les bottes à mesure qu'il les forme, les attache aux plus fortes tiges des plantes où elles sèchent, et le soir il les porte à la maison. Cette méthode paraît préférable à la première. La manière de les faire sécher est singulière. Ou suspend, ou l'on enfile les bottes sur de petites perches longues d'environ douze pieds,
Reconstitution en 1959, dans le Summerset en Angleterre, avec des perches un peu plus longues !
élevées horizontalement à quinze ou seize pouces de terre ; par ce moyen, l'air, qui frappe les têtes des chardons de tous côtés les sèche en très peu de jours. Il faut observer de les reporter à la maison le soir, et dans les temps de pluie, et de jour si le temps est sec, on les met dehors. Les hangars où l'air circule librement sont les lieux les plus propres pour faire sécher ces plantes. Là, les perches doivent être placées de manière que les chardons qui y sont suspendus ne se touchent pas. Les têtes de chardon étant bien séchées, il est nécessaire, pour les conserver, de les serrer dans un grenier. On doit préférer celui de l'étable aux vaches, ou celui qu'on a cons- truit sur le hangar, sous lequel on fait manger les bestiaux en hiver, parce qu'on prétend que leur haleine est propre à brunir les têtes de chardon et à en rendre le croc plus fort et plus raide. On les laisse ordinairement dans le grenier jusqu'au commencement de Janvier, qui est le temps de la vente. Mais avant de les vendre, on est dans l'u- sage de les assortir. Pour cet effet , on prend un lieu spacieux, et le plus communément les aires de la grange. Là, on apporte les bottes, on les délie l'une après l'autre, et on en forme trois classes. Les têtes les plus allongées, telles que celles qui croissent sur les principales tiges, forment la première classe ; celles qui approchent le plus de la taille de ces premières têtes, composent la seconde classe ; on range dans la dernière toutes les têtes les plus petites et celles qui ont été endommagées. Toutes les têtes de chardon étant triées, on en fait des paquets. On commence par les têtes de la première classe. Dix de ces têtes, dont six en éventail et quatre dans le cœur, forment un paquet qu'on lie proprement avec un brin d'osier. On enfile ensuite les paquets de la première classe dans des baguettes longues de 30 pouces et de la grosseur d'un demi-pouce, et qu'on a préparées en nombre suffisant. Ces paquets sont suspen- dus les uns par la tête , les autres par la queue alternativement, et l'on en met 25 à chaque baguette, à laquelle on les assujettit avec un lien d'osier. On en fait autant des têtes de la troisième classe ; mais les paquets de la seconde classe sont composés de vingt têtes ; on les suspend à des baguettes de trois pieds de longueur, trente à chacune. Ce n'est qu'après cette préparation qu'on les expose en vente. Trente baguettes de la première classe et de la troisième, avec quarante de la seconde font une balle de chardons à foulon.
Récoltés au mois d'août, les chardons sont séchés en gerbes, dans des abris construits à cette intention.
Le séchoir est en fait une grangette assez étroite qui s'appuie généralement à l'un des murs de la ferme par soucis d'économie. Il se caractérise par de nombreuses petites baies qui percent les murs.
Leurs rôles est évident, provoquer une importante circulation d'air, et faciliter le séchage qui durera trois mois. Il est construit en briques ou en pierre, ou les deux.
Le séchoir s'étage sur deux ou trois niveaux, desservis à l'intérieur par des échelles.
Au-dessus des poutres maîtresses, de nombreuses lattes sont disposées à claire-voies, auxquelles pendent les chardons liés en bottes.
De cette façon, ce dispositif ingénieux oppose un minimum de résistance à la circulation de l'air. Une fois séchés les bottes sont vendues sur le marché, où la vente est des plus rémunératrices.
Le dernier séchoir à chardons connu se situe en Belgique à Soiron, construit vers 1836.
PEIGNE à draper. "Si il s'aperçoive qu'il s'est formé assez de duvet : les chardons en roulant sur la marchandise, se chargent de bourre. Quand ils en ont trop , on a une carde sur laquelle on les roule, ce qui s'appelle débourrer."
Vitrail datant de 1460
Jean d'Orléans, maire de Rouen, fit en 1358 des statuts pour les lanneurs de draps, dont le genre de travail nous est rappelé par le gracieux dessin d'une des stalles de la Cathédrale. Ils tiraient la laine du fond de l'étoffe afin de la rendre plus moelleuse et plus chaude ; ils se servaient à cet effet d'un manche de bois sur lequel étaient montées des brosses de chardons à draps (broissier le cardon, brosser le chardon) sortes de globules épineux que les lanneurs nommaient brosses à laine. La culture de ces chardons était très active et très importante dans les environs de Rouen. Comme ils étaient indispensables aux lanneurs de drap, un arrêt de 1689 défendit de les transporter hors du royaume sans un congé légal et après avoir acquitté un droit de dix livres par balle de cent cinquante livres. La récolte en ayant été très abondante en Normandie, en 1715, on réduisit ce droit à quatre livres la balle.
Le dessin de cette salle a été réalisé par Mr Langlois en 1838, tiré de son livre.
Cette stalle a disparu, lors du bombardement de la cathédrale de Rouen en 1944. Les stalles de cette cathédrale datent de 1460 environ, elles ont été réalisées par des artisans de la région, et de Flandres.
Carte de France, où l'on cultivait le chardon à foulon
La Hulotte – numéro 62
La première machine vers 1800, utilisant les chardons à foulons
Machine à lainer en Belgique
Cette machine est toujours visible au musée de Trowbridge en Angleterre
Et pour finir avec le chardon à foulon, on peut regarder sur une encyclopédie de fleurs sauvages en regardant à "dipsacus fullonum", on s'aperçoit que géographiquement on ne retrouve cette plante que dans ces pays : Grande-Bretagne, Irlande, Belgique, Hollande, France, Allemagne et Danemark !!!
Au XIXe siècle les machines à lainer comportaient encore des peignes en cardères. Cette utilisation déclina, la cardère ne fut plus utilisée que pour des marchés de niches (étoffes particulières) puis sa culture cessa. En 1983 on pensait que cette variété avait complètement disparu quand quelques graines purent être retrouvées chez le dernier semencier spécialisé.
Lainage du drap à Elbeuf (76)
Terre à foulon définition d'Emile Littré au 19ème :
Argile qui sert à dégraisser les draps. Il [Bomare] ne fait pas une mention particulière de la sorte de terre à foulon dont on se sert en Angleterre pour détacher et même lustrer les draps ; il est défendu d'en exporter, et cette terre est en effet d'une qualité supérieure à toutes celles que l'on emploie en France, où je suis persuadé néanmoins qu'on pourrait en trouver de semblable, BUFF. Min. t. VII, p. 141, dans POUGENS.
Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle : contenant l'histoire des animaux, des végétaux et des minéraux, et celle des corps célestes, des météores, et des autres principaux phénomènes de la nature; avec l'histoire des trois règnes... une table concordante des noms latins ...
De Jacques Cristoph Valmont de Bomare, Valmont-Bomare (Jacques Christophe)
Publié par Chez Bruyset frères, 1791 EXTRAIT
TERRE A FOULON, Argillafidlonum. Espèce d'argile fine ou de glaise, quelquefois feuilletée, souvent sans figure déterminée, savonneuse à l'œil, grasse, onc- tueuse, douce au toucher, devenant polie étant frottée avec l'ongle, s'étendant entièrement dans l'eau, où elle se dissout en partie et produit une espèce de mousse et quelques bulles savonneuses qui s'étendent au dessus de la surface de l'eau ; elle a même quelques propriétés du savon. On se sert de la terre à foulon, qui est toujours trop rare, pour fouler les étoffes de laine ; il y en a de plusieurs couleurs. On trouve cette espèce et argile ou de marne très glaiseuse, en fouillant certaines terres, même au bord de quelques collines escarpées ou d'un ravin. On appelle marne à foulon une terre qui s'emploie quelquefois dans les Manufactures d'étoffes de laine, pour nettoyer et repomper toute l'huile nécessaire à la préparation des étoffes de laine. Cette terre fait un peu d'effervescence avec les acides : les Foulonniers l'utilisent peu. On retire «une grande quantité d'excellente terre à foulon de certaines sortes proche de Brick-Hill en Staffordshire, province d'Angleterre, de même que près de Riégata en Surrey, proche Maidstone ; dans le Comté de Kent, près Nutley et Petworth ; dans le Comté de Sussex, près de Wooburn en Bedforshire, et dans l'Isle de Skie en Ecosse. On fait que cette terre, est absolument nécessaire pour bien préparer les draps ou les étoffes de laine ; c'est pourquoi les Etrangers qui peuvent faire venir clandestinement des laines d'Angleterre, ne peuvent jamais atteindre à la perfection des draps de ce même Royaume, sans cette terre à foulon, qui est la meilleure qu'on con- naisse en Europe et dont les Anglais sont fort jaloux : c'est l'unique raison qui a déterminé à en faire une marchandise de contrebande ; et les Voyageurs com- merçants savent que les peines établies contre ceux qui transportent de cette terre en pays étrangers, sont les mêmes que pour l'exportation des laines. Dans la province de Surrey on creuse la terre à foulon en forme de puits, dont les côtés sont sou- tenus comme ceux des mines de charbon. Entre Brick-Hill et Woburn est une grande bruyère qui couvre les collines où se trouve cette même une : le trou est considérable et creuse en forme de cône renversé, où l'on distingue sensiblement la couleur et l'épaisseur des différentes terres qui l'accompagnent. Sous la surface de la terre, à un pied de profondeur, est une couche de sable fin, jaune - rougeâtre, de l'épaisseur de neuf à dix pieds ; ensuite pendant trente à quarante pieds il y a divers lits de sable gris et blanc; plus bas une couche de deux pieds et demi de sable gras mêlé de veines rougeâtres ; puis un pied de terre médiocrement grasse, encore un peu sableuse ; enfin la terre à foulon pure pendant sept à huit pieds. Ce banc de terre à foulon est distingué en différentes couches : l'assiette de ces bancs est sur un plan horizontal ; on les fouille à la pioche. Cette terre est d'une couleur gris - verdâtre : cette teinte se détruit à l'air , mais la terre y devient dure comme du savon. En certains endroits de la France, on fait un très-grand usage d'urine à la place de terre à foulon, qui ne serait peut-être pas introuvable dans ce Royaume ; car il est très-vraisemblable , dit M. Bourgeois, qu'un pays aussi vaste ne manque pas de terre à foulon ; et il est surprenant, dit-il, qu'on n'ait pas employé plus de soins jusqu'a présent pour en découvrir, et que les Sociétés d'Agriculture et de Commerce ne se soient pas occupées de cet objet, qui mériterait certainement leur attention ; car les draps dégraissés avec de l'urine , ne sont ni aussi beaux, ni aussi doux, ni aussi durables que ceux qui sont dégraissés avec une bonne terre à foulon, et ils ont d'ailleurs moins de corps. Nous devons cependant dire ici qu'on se sert de terre à foulon dans la plupart de nos grandes Manufactures, surtout à Louviers. La terre à foulon a encore la propriété d'accélérer la végétation des plantes et d'améliorer les terrains. Quand elle est mélangée dans le vinaigre, elle dissipe les boutons ou les pustules, les élevures, etc. ; elle guérit les brûlures et arrête les inflammations.
Mémoire sur la terre à foulon, par M. Bourgeois; Mémoire qui est inséré dans les Mémoires de la Société Economique de Berne
Autre citation, vers 1840 :
L'argile smectique, ou terre à foulon, est onctueuse, grasse au toucher, se délite facilement dans l'eau et se réduit en une bouillie qui a peu déliant. Elle sert à enlever aux étoffes de laine l'huile qu'on emploie dans leur fabrication; à cet effet, on les foule avec une certaine quantité de cette argile et d'eau. Telles sont les argiles de Hampshire , en Angleterre, et celle de Vire (département du Calvados).
On retrouve cette terre à foulon dans d'autres endroits de Normandie : au Pré-d'Auge près de Lisieux, Courtonne à l'est de Bernay, selon des écrits du 19ème siècle.
Citation de Voltaire en 1734 sur l'industrie anglaise :
Dans la Lettre X, intitulée "Sur le Commerce", Voltaire fait l'éloge du commerce anglais, des ses bienfaits et de ce qu'il a apporté à la nation anglaise. Selon lui, le commerce a contribué à la liberté du peuple anglais, et cette liberté à elle-même contribué à l'essor du commerce. C'est également le commerce qui a donné à l'Angleterre sa très grande richesse, et sa très grande puissance navale «C'est le Commerce qui a établi peu à peu les forces navales par qui les Anglais sont les maîtres des mers.», malgré son apparence plutôt pauvre «qui n'a de soi-même qu'un peu de plomb, de l'étain, de la terre à foulon et de la laine grossière». Mais dans cette lettre, Voltaire en profite aussi pour faire la satire des nobles allemands et français, qui manquent d'intérêts pour ce type d'entreprise. Pour Voltaire, la noblesse n'a pas forcément un grand rôle à jouer, contrairement aux négociants qui «contribuent au bonheur du monde».
Les Cardes de Fullers ont été probablement largement cultivées, en Angleterre dans les Gloucestershire et Wiltshire pour la laine Cotswold et la récolte seulement dans une partie de Somerset, près de Taunton. Au Moyen Âge, le Cotswolds était connu partout en l'Europe comme l'endroit ou l'on trouve la laine la meilleure. Les marchands sont devenus riches et ont dépensé beaucoup d'argent dans des édifices, églises, maisons luxueuses, comme la Maison de Grevel dans l'Ébrèchement Campden. À ce moment-là, 50 % de l'économie de l'Angleterre était issue de la laine. Les moutons firent la richesse de cette région. Aux 14è et 15è siècles, elle était très recherchée par les drapiers flamands
* FOULON, ou FOULONNIER :
s. m. (Draperie) ouvrier que l'on emploie dans les manufactures pour fouler, préparer, ou nettoyer les draps, ratines, serges, et autres étoffes de laine, par le moyen d'un moulin, pour les rendre plus épaisses, plus compactes, et plus durables.
La fonction des foulons, chez les Romains, était de laver, nettoyer, et de mettre les draps en état de rendre service ; ils jugeaient ce métier d'une si grande importance, qu'il y avait des lois formelles qui prescrivaient la manière dont cette manufacture devait s'exécuter : telle fut la loi metalla de fullonibus.
* FOULON, terre à foulon :
C'est ainsi que l'on appelle une terre fossile, grasse, et onctueuse, abondante en nitre, qui est d'un très grand usage dans les manufactures d'étoffes de laine.
Elle sert à nettoyer ou à écurer les draps, les étoffes, etc. à repomper toute la graisse et toute l'huile nécessaire à la préparation des étoffes de laine. On tire une grande quantité de terre à foulon de certaines fosses proche Brich-Hill en Staffordshire, province d'Angleterre, de même que près de Riegata en Surry, proche Maidstone dans le comté de Kent ; proche Nutley et Petworth, dans le comté de Sussex, et près de Woburn en Bedfordshire. Cette terre est absolument nécessaire pour bien préparer les draps ou les étoffes de laine; c'est pourquoi les étrangers qui peuvent faire venir clandestinement des laines d'Angleterre, ne peuvent jamais atteindre à la perfection des draps d'Angleterre sans cette terre à foulon.
C'est la raison qui a déterminé à en faire une marchandise de contrebande : il y a les mêmes peines établies contre ceux qui transportent de cette terre en pays étranger, que pour l'exportation des laines. Excepté en Angleterre, on fait partout un très grand usage d'urine, au lieu de terre à foulon ; cette terre abonde en sel végétal, qui est fort propre à accélérer la végétation des plantes ; c'est pourquoi M. Plot et quelques autres la regardent comme un des moyens les plus capables d'améliorer les terrains. Quand elle est dissoute dans le vinaigre, elle dissipe les boutons ou les pustules, les élevures ; elle arrête les inflammations, et guérit les brûlures.
C'est au moyen âge qu'apparurent trois des quatre moulins du village. Placés sur la rive gauche de l'Iton, ils utilisaient la force hydraulique de la rivière pour moudre le blé en farine. Deux d'entre eux appartenaient au seigneur d'Amfreville, le troisième à celui du lieu-dit voisin : "Les Planches".
L'Iton était en effet la propriété de ces seigneurs pour la part qui traversait leurs domaines. Ils y avaient droit exclusif de pêche et d'y faire tourner des moulins... Les trois moulins étaient banaux, c'est à dire que les Amfrevillais devaient obligatoirement y faire moudre leurs blés moyennant le paiement d'une redevance.
D'amont en aval, on trouvait d'abord le "moulin d'Amfreville" puis le "moulin de Quatremare". Ils sont mentionnés pour la première fois dans une chartre médiévale datant de 1325.
Le troisième, le "moulin des Planches", est cité dès 1226.
C'est au XVIIe siècle, seulement, qu'apparut le premier moulin à foulon que Guillaume Guyot, seigneur d'Amfreville, installa sur la rive droite de la rivière, en face de son moulin à blé, le "moulin neuf". On cite qu'en 1224, on autorisa les bourgeois de Rouen à prendre de la terre à foulon dans la foret de Roumare.
Peut être que cet événement amena le seigneur à construire son moulin deux ans plus tard.
Le foulonnage consistait à dégraisser les draps de laine dans l'eau de la rivière. Pour cela, on plaçait l'étoffe dans une cuve remplie d'eau et de terre glaise, puis elle était frappée succéssivement par trois paires de pilons mues par la force hydraulique. Cette opération, en feutrant les fils de laine, apportait aux draps une douceur particulière. A Amfreville, on travailla surtout la laine d'agneau, plus aisément feutrable.
L'industrie lovérienne atteignit son apogée au XVIIIe siècle... Dans la ville, sur les bords de l'Eure, les places devinrent rares : les moulins à blé, à tan et à draps se disputaient la moindre chute d'eau...Cette saturation de la rivière, associée à la recherche d'une certaine qualité des eaux, incita plusieurs fabricants de Louviers à venir fouler les draps à Amfreville. Dés lors, les offres alléchantes des industriels précipitèrent la disparition des derniers moulins à blé. Les habitants d'Amfreville durent apporter leurs blés aux moulins des villages voisins...
A partir de 1830, l'activité drapière déclina. Les grands manufacturiers déménagèrent et les moulins changèrent plusieurs fois de propriétaires.
Gruchet, est une curiosité géographique, j'ai constaté que le nom "Tassel" est associé à ce nom de lieu. Dans la plupart des cas, et suivant la situation géographique du nom en Haute Normandie, le nom de lieu Gruchet est presque à chaque fois au même endroit que le nom TASSEL. Alors pourquoi ?
Ma thèse est la suivante :
Le nom de lieu "Gruchet", ou plutôt "cruchet", veut dire une petite croix. C'est un élément très intéressant car dans les dictionnaires méthodique du 18ème siècle, l'on explique le mode de fabrication des peignes à chardon, et l'on explique que c'est sur une petite croix en bois, que l'on fixe les chardons.
A mon humble avis, ce nom de lieu serait à l'origine un endroit où l'on fabriquait les petites croix en bois comme support pour les chardons à foulons.
Voilà quelques villes en Haute-Normandie où l'on trouve un Gruchet :
Ailly, Plasnes, St-Denis-le-Ferment, St-Paul-sur-Risle, Mesnil-sur-Blangy, Tourville-la-Rivière, Arques-la-Bataille, Vibeuf, Gruchet-le-Valasse, Gruchet-St-Simeon.
Si vous connaissez d'autres noms de lieux portant le nom de Gruchet écrivez moi, ça m'intéresse !